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Prison possession

2014


En Janvier 2012, lorsque je visite pour la première fois la prison du Pontet, le bibliothécaire me dit que les détenus lisent de la poésie ou des autobiographies, pas des romans.
Je commence une correspondance avec des détenus. Cette privation de liberté, elle ne se partage pas, elle est indescriptible. La prison coupe les liens qui reliaient un individu aux autres et au monde.
Je retrouve le rythme oublié du courrier, la circulation des enveloppes, les timbres, des écritures tracées à la main.
Cet espace entre deux personnes, immobiles, une lettre à la main, devient vibrant
Notre relation ne ressemble à rien d’autre : ce n’est pas une amitié, ni une fraternité, rien… C’est une relation magique, je m’en rends compte peu à peu.
Je retrouve mes premiers moments d’écriture, ceux de l’enfance : j’apprenais à écrire pour apprendre à parler.
Le texte qui naît raconte de façon transparente la relation entre un auteur et un détenu.

[François Cervantes]

De et par François Cervantes, à partir d’une correspondance avec Erik Ferdinand
Assisté de Catherine Germain et Xavier Brousse
Regards de Georges Appaix, Stephan Pastor
Création son, création lumière, régie générale Xavier Brousse
Scénographie Harel Luz
vidéo Nomade Village

Production L’entreprise
Coproduction Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur, la Scène nationale de Cavaillon
Avec le soutien de La Friche La Belle de Mai
Texte édité Les Solitaires intempestifs

Projet réalisé en collaboration avec La Direction de la Culture et les Services de la Prévention du Conseil Régional PACA, la Direction Interregionale des Services Pénitentiaires de Marseille, le Théâtre de Cavaillon, le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation SPIP du Vaucluse, le Centre Pénitentiaire du Pontet, l’Association d’Aide aux Détenus AESAD84

Remerciements à Bruno, Daniel, Erik, Georges, Gérard, Louis et Roland avec qui j’ai eu une correspondance entre 2012 et 2014, à Damas Parsy bibliothécaire jusqu’en 2012 à la Prison du Pontet pour notre conversation précieuse, aux détenus et au personnel de la Prison du Pontet, à l’association d’Aide aux Détenus pour leur accueil

Remerciements à la Non Maison-résidence d’artistes à Aix en Provence pour la présence de Harel Luz artiste associé à La Non Maison 2012-2014

France bleu :entretien de François Cervantes par Michel Flandrin (9-04-14)

A visionner ici : interview de François Cervantes par François Berreur, présentant le spectacle
Rares sont ceux qui portent haut cet exercice solitaire du « seul en scène ». C’est le cas de François Cervantes.
Il nous parle doucement, sans accent particulier, si ce n’est ici et là, une façon d’assouplir la phrase, comme pour décontracter l’attention avant qu’elle ne retrouve la ligne de sa concentration. Le silence du public est impressionnant. L’écoute, totale. C’est plus sûrement une amitié épistolaire, c’est avant tout une introspection, un voyage intérieur extraordinaire. François Cervantes écrit à Erik qu’il est devant les spectateurs et qu’il est en train de leur raconter l’isolement qui est le sien. Alors Erik, écrit une lettre qu’il adresse aux spectateurs.
Le spectacle touche au vertige, il devient comme un roulis entre les mots de ces deux êtres.
Mediapart, Jean-Pierre Thibaudat [juillet 2017]

Entre l’homme de mots et le prisonnier qui songe à s’évader, un lien se tisse, unique. Une histoire vraie et un très beau texte sur la relation épistolaire avec un inconnu, la force de l’imaginaire, le lien au monde, l’évasion dans l’écriture.
Le JDD.fr, Annie Chénieux [juillet 2017]

On ne décroche pas. La voix très douce, l’expression apaisée du comédien-auteur-metteur en scène aux cheveux blancs et à la petite barbe nous captivent. Il nous raconte son échange de lettres avec un prisonnier. Pas n’importe lequel : Erik Ferdinand, figure réelle du grand banditisme, connu pour une évasion en hélico. Ici, rien de spectaculaire : juste des mots simples pour dire comment la prison « paralyse l’imagination », les dégâts d’un an à l’isolement et le « besoin de s’évader dans le texte là où plus personne en viendra [le] chercher ».
Le Canard Enchaîné, Mathieu Pérez [juillet 2017]

François Cervantes porte magistralement sur scène ce récit qui nous parvient d’une grande limpidité. Il signe un chef-d’œuvre et on sort de son spectacle les yeux humides devant tant de beauté.
Un fauteuil pour l’orchestre, Jean Hostache [juillet 2017]

Comment raconter la prison ? Comment fictionnaliser l’histoire de ces détenus avec qui François Cervantes, lors d’une carte blanche, a correspondu ? L’homme de théâtre, qui ne se place ni en juge ou en frère, ni en démagogue ou en avocat, choisit de se faire "simple" passeur des mots qu’on n’entend pas. Ceux qu’il a échangés dans sa relation épistolaire avec Erik, en particulier, dont l’enfermement à la vie et au monde nous assaille au fur et à mesure. A travers un monologue continu, sans à-coups, sobre et d’une justesse admirable, vibrant d’une humanité palpable, il fait lien entre sa vie et celle d’Erik. Sa venue à l’écriture, son monde construit "entre les corps et les mots", ses voyages, ses spectacles. En face, Erik, 15 ans d’immobilité, de cohabitation dans 9m2, d’évasions à répétition...
Zibeline, Delphine Michelangeli [avril 2014]

Ce que François Cervantes fait avec Prison Possession, c’est redonner à chacun son humanité, relier les solitudes. Sa mise en scène, sensible, joue de l’éclipse, sa présence n’est là que pour mieux disparaître, fuir toute aliénation.
La Provence, Gwenola Gabellec [18 janvier 2015]