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[François Cervantes, octobre 2013]

Depuis dix ans, le projet de permanence mené en relation avec nos voisins de Marseille, de la région, et du monde, cherche à créer les conditions d’un échange permanent entre artistes, entre artistes et public, entre le théâtre et la société civile, entre l’histoire et aujourd’hui.
La saison qui s’achève a été dense.
Nous avons maintenant quatorze spectacles au répertoire.
Nous avons créé en 2013 deux spectacles dans le cadre de cirque en capitale à la Friche la Belle de Mai à Marseille : Carnages et Le prince séquestré, et donné rendez vous au public pendant tout le mois de février avec le Théâtre Massalia. Le cirque Trottola était avec nous, avec le Petit Théâtre Baraque, le chapiteau dressé sur le parking de la Friche, pour présenter leur nouvelle création : Matamore. Une fête avec le public prolongée au Théâtre de la Criée qui nous a accueilli durant une semaine avec quatre spectacles du répertoire et une soirée spéciale dédiée au clown et ses chemins de transmission, qui a provoqué une rencontre explosive et joyeuse entre un anthropologue et de jeunes élèves acteurs de l’Ecole régionale d’acteurs de Cannes.
En octobre nous avons inauguré les nouveaux plateaux de la Friche : acteurs et spectateurs réunis pour une nuit entière, une salle pleine à craquer, trois spectacles qui se répondaient à travers dix années de travail, un atelier au milieu de la nuit. Une formidable traversée, jusqu’au lever du jour.
La structuration de la SCIC Friche la Belle de Mai et du projet de pôle des arts de la scène que les institutions cherchent à définir aura une influence décisive sur le projet de la compagnie qui est encore à ce jour en attente de réponses et d’engagements. Pour ces mêmes raisons certaines activités de la compagnie ne sont pas encore définitivement fixées dans le temps. Nous vous tiendrons informés en cours d’année.

La trilogie de Franck
Créée en mai 2012 au Centre Dramatique National de Sartrouville et des Yvelines, La trilogie de Franck, composée de trois spectacles La table du fond créé en 2006, Silence créé en 2009, Le soir créé en 2012 sera présentée durant trois semaines à Marseille.
Cette trilogie, c’est dix ans d’échanges avec deux acteurs : Nicole Choukroun, allant au bout du rôle d’une femme noyée puis sauvée, Stephan Pastor allant au bout de sa folie des métamorphoses et des disparitions.
Dix ans de questions sur l’art à l’école, de représentations dans des collèges et des théâtres, d’échanges avec des enfants et des professeurs, de secrets, de désespoirs et de passions.
À l’occasion de ces représentations, nous organiserons avec Nathalie Cabrera et Jean Luc Weinich, tous deux à l’origine de cette aventure, avec des personnes invitées, des élèves et professeurs rencontrés pendant ces dix années, un moment de réflexions et d’échanges sur les relations entre art et école, et sur l’éducation artistique.
Et puis... Quand nous avons commencé la création de La table du fond, c’était à partir du livre que j’avais écrit en 1996 : j’étais retourné en classe de 4e, à Trappes, grâce à Jean Luc Weinich, je m’étais assis à une table au fond de la classe, j’avais suivi les cours et j’avais écrit.
Je disais que je voulais retourner à l’école, retraverser un pays d’enfance, un quartier de l’esprit.
Je ne savais pas que ce voyage durerait quinze ans.
Maintenant, j’ai envie de continuer ce dialogue avec l’école. Nous avons proposé à Ahmad el Attar, auteur et metteur en scène Cairote, d’écrire à partir de son expérience, et il a emporté ce projet dans ses valises à New York.

Prison possession
Depuis un an et demi, je corresponds avec des détenus de la prison du Pontet : au début nous parlions de lecture et d’écriture, maintenant nous parlons de tout, et de la prison aussi bien sûr. Un projet initié par le Conseil Régional PACA que nous menons en collaboration avec le SPIP du Vaucluse et le Théâtre de Cavaillon.
Nous sommes déjà allés jouer trois spectacles là bas, occasions de discussions à bâtons rompus, dans le temps imparti pour un échange, entre la fin du spectacle et le moment de regagner les cellules pour le dîner, à 17 heures…
À partir de ces correspondances, j’écris une fiction. Ce texte, pour un acteur « habité » par un prisonnier, sera joué à partir d’avril 2014, dans les prisons et les théâtres.

[extrait] :
(…) des fois beaucoup de lettres, des fois plus rien, et il y avait une chose étrange qui se passait entre nous, j’avais jamais connu ça avant. C’était même pas de l’amitié, je croyais ça au début, mais non, c’était autre chose
(…) je le voyais toujours assis à sa table, et que sa table soit sur un balcon d’un hôtel du Caire, dans une chambre d’hôtel à Grenoble, dans un jardin d’une maison du Sénégal, c’était toujours la même table, le même type penché, que je ne connaissais pas
Je ne comprenais pas pourquoi il restait dans sa chambre à m’écrire, au lieu d’aller boire une bière à une terrasse de café !
Je lui écrivais ça, dans mes lettres, que ça ne voulait rien dire toutes ces pages d’écriture, sans jamais se voir, sans rien, juste s’écrire, des mots et rien que ça. Mais il me répondait, d’une humeur égale, et nos liens se resserraient
Une lettre commençait à l’endroit où avait fini la précédente, comme ça, tranquillement, comme une rivière qui coule devant une maison
Les phrases se suivaient les unes derrière les autres, j’avais ça devant moi, une feuille blanche avec de petits signes noirs, et pendant que je lisais, je pensais à ça : je me disais que j’avais appris à lire, et à écrire
Je pense jamais à ça d’habitude, mais là, je sais pas, ce drôle de type me ramenait en arrière…
Je sais plus à quel âge tu apprends à lire : 4, 5, 6, 7, par là.
Je me retrouvais assis sur le lit de la cellule, et je me sentais comme un enfant qui ouvre les livres et qui commence à déchiffrer les histoires, lentement, je me retrouvais dans ce corps de 6 ans, ça me plaisait pas trop, c’était comme un vertige, je comprenais pas ce qui se passait…
Les mots ils étaient là, devant moi, sur la page, je les lisais et… Je ne pourrais pas expliquer ça autrement : je me retrouvais plongé dans le corps de ce type qui était en train de m’écrire…


Le dernier quatuor d’un homme sourd
Cette pièce du répertoire, que j’ai écrite à 25 ans, nous l’avons créée en 1989, beaucoup jouée, puis recréée en 2009 à la suite de Une île, avec le même quatuor de comédiens qui devenaient le socle de la compagnie permanente.
Nous allons la transmettre à de jeunes acteurs qui sortent de l’ERAC – École Régionale d’Acteurs de Cannes – qui ont travaillé avec Catherine Germain pendant deux ans. Nous allons partir du texte, de nos points de vue sur l’exigence et le travail de groupe : est ce que les autres sont des freins à nos désirs, ou des révélateurs ? Peut être garderons nous le texte intact, peut être en ferons nous une adaptation très libre (l’auteur est consentant !).
Nous allons commencer les répétitions en 2014 pour pouvoir présenter ce spectacle au début de l’année 2015.
Et puis... Pendant cette création, j’écrirai et mettrai en scène, avec quelques uns des acteurs, une courte pièce sur ce moment de transmission, sur les relations acteurs auteurs metteurs en scène, sur les relations entre les générations.

Le prince séquestré
La pièce peut maintenant être jouée des deux côtés de la Méditerranée, en français et en arabe.
En décembre 2013, elle sera présentée au Festival de théâtre de l’Afrique de l’Ouest Casamance en scène à Ziguinchor. Au Printemps 2014, elle sera reprise pour une longue série au Studio El Warsha au Caire, pendant la prochaine édition du Festival D-CAF, et le texte sera édité en version bilingue.

Le MUCEM
À l’invitation du Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, qui organise fin mars 2014 un temps fort consacré aux carnavals « le monde à l’envers, rire, dérision, transgression », nous allons préparer une soirée d’improvisations, avec Catherine Germain et quelques grands acteurs que les masques ont révélés, et participer à l’organisation d’une table ronde, autour de l’intrusion de l’étrange dans nos vies, des questions que les masques posent au théâtre.

L’épopée du grand Nord
Nathalie Marteau, directrice du théâtre du Merlan à Marseille, m’a proposé la création d’un texte et d’un spectacle à partir d’un territoire : les quartiers nord de Marseille.
C’est un territoire de Marseille, à la fois trop connu et très mal connu . Des gens du monde entier sont venus y vivre : ils souhaitent s’enraciner à Marseille et enrichir cette ville de leurs énergies et de leurs histoires.
Je commence l’écriture de ce texte, en rencontrant des habitants, en parcourant les quartiers, en échangeant avec l’équipe du théâtre… Tous ces échanges de paroles deviennent lentement une fiction. Ce texte sera le point de départ d’un chantier de création ouvert à toutes les personnes intéressées par l’aventure, sans limitation de nombre, d’âge, d’expérience…
On se donne du temps, le temps des rencontres, de l’écriture, des épisodes. Le spectacle sera créé au Théâtre du Merlan.

Les rêves des Côtes d’Armor
À l’invitation de Philippe Sachet - directeur de Itinéraires bis - nous amorçons un projet avec les Côtes d’Armor.
Nous nous sommes rencontrés, nous avons beaucoup parlé, beaucoup roulé, j’ai rencontré des gens, et j’ai eu le désir de travailler à partir des rêves des habitants des Côtes d’Armor et de la diaspora dispersée dans le monde.
Des adolescents de cette région seront en relation avec d’autres adolescents à d’autres endroits du monde : à l’adolescence le corps devient aussi extraordinaire et irréel qu’un rêve, et c’est souvent à cet âge que les rêves font une entrée fracassante dans la vie nocturne : certains s’y attachent comme à un langage secret à déchiffrer. Dans de nombreuses civilisations, les rêves faisaient tissu et corps social, comme des ballons sondes renseignant sur l’ailleurs, l’invisible, les désirs profonds.

Sénégal
En décembre 2013, nous allons jouer Le prince séquestré au festival Casamance en scène. C’est la première étape d’une collaboration avec le festival de théâtre de l’Afrique de l’Ouest, en vue d’un chantier de création qui se déroulera la saison prochaine avec des artistes de plusieurs pays d’Afrique de l’ouest.

Les Comores
Pour continuer la collaboration avec le CCAC Marvuna, Centre de Création Artistique en train de naître à Moroni, un groupe d’artistes de plusieurs disciplines partira rencontrer les artistes Comoriens et de l’Océan Indien, pour un séjour de transmission et de création.
Au retour un rendu de ce voyage sera présenté à Marseille, en lien avec la communauté comorienne.

Le Garage
Ce qui était « le Garage » lieu de rencontre et de travail hebdomadaire avec les artistes de la région, va se transformer en trois rendez vous dans la saison : une master class autour du théâtre de masques, une semaine sur « nos histoires du théâtre » en association avec plusieurs artistes de la région, intéressés par la transmission : partage d’expériences, de récits et de pratiques, une master class autour de la figure du clown.

[François Cervantes, septembre 2012]

La distance qui nous sépare
Créé en février 2012 à la Friche la Belle de Mai Nathalie Marteau, directrice du Théâtre du Merlan, Scène Nationale à Marseille, est à l’origine de ce spectacle : il y a quatre ans, elle m’avait passé commande d’un spectacle sur les nouvelles visions que nous avons de nos corps avec l’évolution de l’imagerie médicale. Le projet était mené en collaboration avec l’Espace Étique Méditerranéen et l’Assistance des hôpitaux de Marseille.
Nous avions créé Corps transparent.
Je m’étais rendu compte avec effarement que des millions de personnes haïssent leur corps, le trouvent dépassé, trop lent, trop approximatif, le remplaceraient bien par un terminal d’ordinateur, et n’hésitent pas à le transformer, le percer, le surcharger d’accessoires pour le rendre plus intéressant.
Nous avions exploré les corps des acteurs, comme des territoires à raconter.
Un ostéopathe, Marc Porteron, était avec nous sur le plateau, il proposait une expérience intime de perception à tous les spectateurs.
Cette expérience a marqué notre travail de troupe, et a donné naissance à La distance qui nous sépare.
Dans ce spectacle les cinq acteurs portent leur nom leur prénom, leur taille. La fiction vient de l’intérieur, de tous les absents et les lieux qui nous habitent, le passé qui à travers nous vient affleurer nos yeux, pour goûter le temps présent : à travers nous, le passé prend connaissance de son avenir.
C’est un match de boxe entre l’éphémère et l’éternel, entre la fragilité de la présence d’un corps, nu de toute fiction, et l’écrasante immobilité de la grande histoire.
C’est une tentative de réactualiser le passé, de le faire apparaître pour dialoguer avec lui.
Nous signons le texte tous les six. En tant qu’auteur, je me suis tenu avec eux, je n’ai pas recouvert leurs présences par une fiction, je m’en suis tenu à ce qui est apparu, j’ai passé des nuits à guetter ce qui s’écrivait dans les présences réelles, à regarder sans rien imaginer, pour traduire ce choc entre la chair et les mots.

Le soir
Créé en mai 2012 au Centre Dramatique National de Sartrouville, ce spectacle clôt La Trilogie de Franck.
Il y a quinze ans, Jean Luc Weinich, co-directeur du théâtre de Trappes, m’accompagnait en riant vers le collège avec mon cartable : il m’avait trouvé une place dans une classe de 4e, et pendant un an j’avais écrit une nouvelle : La table du fond.
De là sont nées trois pièces, La table du fond, Silence et Le soir, qui forment maintenant un seul récit. Dialogue entre l’enfance et le monde, entre l’école et le théâtre : est ce que l’amour est un apprentissage ?
Un enfant de 13 ans disparaît dans les livres qu’il lit, et déclenche un séisme autour de lui, fissure les certitudes, interroge le réel.
Depuis 2006, le théâtre est allé à l’école et l’école est allée au théâtre.
La trilogie de Frank est née au mois de mai au Centre Dramatique National de Sartrouville, sous les regards si accueillants de Laurent Fréchuret, Slimane Mouhoub et de toute l’équipe du théâtre.

Carnages
Création janvier 2013 à la Friche la Belle de Mai, à Marseille, dans le cadre de « Cirque en capitales ».
Un directeur de théâtre quitte son lieu et le laisse à disposition d’un clown, qui peu à peu en attire d’autres.
Ils ne se connaissaient pas avant de se rencontrer dans ce théâtre.
Ils sont sept, avec la force et la cruauté de leurs désirs, ils sont sans concession, ils veulent s’incarner, ils savent que l’éternité n’est pas durable, une giclée de secondes suffira, un instant seulement, ils ne raisonnent pas, on ne sait pas à quoi ils pensent, on ne sait pas si nous nous inquiétons pour eux ou si ce sont eux qui s’inquiètent pour nous, ils ne forment pas un groupe, ni une bande, ils sont venus les uns après les autres et ils sont là, en dehors de toute histoire.
Ils découvrent l’espace, le public, et toutes les histoires qui habitent les théâtres.
Carnages, cela évoque une dévastation violente, mais aussi une incarnation : entrer davantage dans son corps au moment où toutes les violences et les dangers du monde nous poussent à en sortir.
Sept clowns dans un théâtre, il y a de fortes chances que cela devienne un déchaînement de violences, mais il y a aussi une chance de découvrir une grâce.
Nos désirs les plus profonds peuvent, peut-être, au delà de la cruauté, nous réunir.

Le prince séquestré
Création février 2013, Marseille – Le Caire, dans le cadre de « Cirque en capitales ».
Un jour le metteur en scène Hassan El Geretly, qui a été un des fondateurs du théâtre indépendant en Égypte, qui a travaillé avec de grands cinéastes égyptiens, qui a vécu dix ans en France, qui a tenté de réconcilier par le théâtre les racines millénaires de son pays et la vie moderne en fusion, qui a travaillé avec les derniers montreurs d’ombres d’Égypte, qui dirige la troupe « El Warsha », un jour ce metteur en scène entre dans le studio le matin, et me dit : « moi, j’aurais aimé être clown ».
Dans l’inflexion de sa voix j’entends que ce n’est pas une parole en l’air.
Ce ne sera pas un spectacle de clown, les clowns n’existent pas en Égypte, ce sera un spectacle sur la valeur du présent dans le déferlement des évènements, dans la profondeur de l’histoire, comme une barque fragile sur un grand lac, sans rame, à quelques mètres des chutes d’eau qui grondent, avec deux hommes dedans : Hassan et Pisso, compagnons de route depuis de longues années.
Est ce qu’une vie intérieure est un luxe ou une nécessité quand l’histoire gronde ?
Est-ce qu’on sait ce qu’on sent au milieu des cris et des balles ?
Ce spectacle c’est aussi le premier pas vers la construction d’un pont entre Le Caire et Marseille, à travers les deux troupes.
Nous travaillons au Caire et à Marseille, construisons deux décors, d’un côté et de l’autre de la Méditerranée, pour que les deux acteurs, parfaitement bilingues, puissent jouer en Europe et dans les pays arabes.
Le spectacle sera joué à la Friche la Belle de Mai, puis au Caire au Festival D-CAF (Downtown Contempory Arts Festival) créé et dirigé par Ahmad el Attar, figure du théâtre indépendant en Égypte.

Marseille-Provence 2013 capitale européenne de la culture
Nous espérons une fête, la découverte de cette ville par des gens venus de loin, la préparation des années suivantes, une ouverture vers la Méditerranée. Que la culture permette à Marseille de mieux se connaître, d’aller vers l’avenir sans se dénaturer, que le métissage des personnes et des cultures soit motif de fierté plutôt que d’inquiétude.
Pour nous, c’est le temps fort « Cirque en capitales », avec une présence d’un mois à la Friche la Belle de Mai, avec le théâtre Massalia fidèle compagnon, ce sont deux créations, Carnages et Le prince séquestré, c’est la présence du cirque Trotolla, les complices, les amis.
C’est le temps fort à la Criée Théâtre National de Marseille, au mois de juin, avec quatre spectacles du répertoire, et une petite histoire du clown - interviews, projections, lectures, moments de jeu- pour parler de cette figure qui erre à travers tous les arts et toutes les époques. Nous préparons ce moment avec Jean Vinet, directeur des formations au Centre National des Arts du Cirque puis directeur de la Brèche à Cherbourg, Centre régional des arts du cirque de Basse Normandie.
C’est l’inauguration à l’automne des deux nouveaux théâtres qui doivent être construits à la Friche par la SCIC-société coopératice d’intérêt collectif Friche la Belle de Mai.

Les gens connus
J’écris ce texte pour Azyadé Bascunana, jeune metteure en scène à Montpellier. Le Domaine d’O, où je suis artiste associé depuis quatre ans, accompagne cette création.
Deux lectures sont programmées à l’automne, à Montpellier au domaine d’O et au théâtre de Cavaillon Scène Nationale.

Le centre pénitentiaire du Pontet
J’ai envie de connaître et d’explorer cette réalité des prisons comme un point limite, un bout du monde. Les détenus ne peuvent jamais faire groupe, ils sont seuls, mis à l’écart de la communauté des hommes. Depuis peu l’art est autorisé à entrer dans les prisons.

Nous allons jouer deux spectacles au centre pénitentiaire, suivi de rencontres et d’échanges, puis de lectures à la bibliothèque du centre, et nous aurons des discutions autour de la lecture et de l’écriture.
Ensuite j’aurai une correspondance avec des détenus qui aiment lire : nous ne nous connaissons pas, eux sont immobiles, un livre ouvert dans les mains, ils font des voyages intérieurs dans leurs cellules. Moi je suis immobile, un cahier blanc ouvert sur une table, j’écris.
Nous nous rencontrons à travers les lettres que nous nous écrivons, nous nous parlons des livres, de l’enfermement, du théâtre…
De cette correspondance naîtra un texte, puis un spectacle monté avec les acteurs de la troupe.
Ce projet est entouré et accompagné par l’équipe du Théâtre de Cavaillon, Scène Nationale, le Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur, et les équipes du SPIP du Vaucluse - service pénitentiaire d’insertion et de probation , et de l’AESAD Pontet association éducative d’aide aux détenus.

L’épopée du grand Nord
Avec Nathalie Marteau et le théâtre du Merlan Scène Nationale à Marseille
Nous allons mener un chantier de création avec les personnes qui habitent un territoire, créer un spectacle à la frontière entre réalité et fiction, à partir d’échanges, d’histoires réelles, de conversations : créer pour comprendre, révéler et partager.
Depuis 10 années, Nathalie Marteau dirige le théâtre du Merlan, scène nationale implantée dans les quartiers Nord de Marseille, programme des spectacles dans le théâtre et hors les murs, dans des lieux insolites, crée des relations nouvelles entre l’art et la ville. Elle voyage à travers toutes les disciplines artistiques, cherche des formes hybrides, de nouveaux langages, pour découvrir comment les villes font naître de nouvelles relations entre les hommes, de nouveaux poèmes.
Partant de rencontres et d’errances dans les quartiers Nord, je vais écrire une pièce pour tous les habitants qui désireront participer à une aventure de création, et s’il y a cent personnes sur le plateau, tant mieux.

Le garage et la transmission
Le garage est né du désir de partager des moments de questionnement, de rencontre, de pratique, en dehors de toute chapelle, autour du théâtre, de former des lieux de travail régulier.
Au-delà des productions de spectacles, la pratique d’un art est une fin en soi. Cela peut être vrai pour le théâtre comme pour l’écriture ou la peinture : pratiquer un art comme un métier, l’artisanat d’un art objectif et collectif.
Il y a un certain travail que nous ne pouvons pas faire seul.
Le garage, atelier permanent, a accueilli depuis 2003 plus d’une centaine d’artistes, comédiens, musiciens, auteurs, metteurs en scène, de la région.

Ces deux dernières saisons, Le garage est devenu un chantier de création : les artistes venaient avec un projet en cours et partageaient avec les autres leurs questionnements.
Cela demandait à chacun écoute et générosité pour accueillir les ébauches des autres et pour livrer ce qui d’habitude reste secret : l’acte de création
Nous allions de la table au plateau, et beaucoup menaient un travail d’écriture en dehors des rendez vous hebdomadaires.
En juin, quatre chantiers ont été partagés avec le public, dont certains sont déjà presque aboutis.
Cette saison, Le garage sera suspendu, la Friche étant en pleine restructuration.
La porte reste ouverte à des contacts individuels et informels.
Le monde change, Marseille et la région changent, au bord de la Méditerranée
C’est le moment de repenser la transmission, entre les générations, entre les lieux, repenser les collaborations avec les institutions territoriales, avec le monde de l’éducation.

Cette saison, je dirige un stage à la ferme de Trielle, histoires, histoire, pour la deuxième année.
Catherine Germain enseigne à l’ERAC - école régionale des acteurs de Cannes, au Conservatoire d’Art Dramatique du Grand Avignon.
La troupe poursuit rencontres et stages avec des amateurs et professionnels à l’occasion des tournées.

Les Comores – le CCAC à Moroni, Centre de création artistique des Comores
Ça y est, ils ont un lieu !
Toute une jeune génération d’artistes qui veulent pouvoir vivre et créer chez eux, sur les îles de la lune, est accompagnée par leurs ainés pour créer un lieu d’échange, de transmission, un lieu d’art et un lieu de vie, pour réconcilier les racines de cette culture mélangée, la vie si difficile sur ces petites îles de l’océan indien et la création contemporaine.
Les Comores sont isolées, sacrifiées, pauvres, elles sont comme trois grains de poussière sur la carte du monde, avec le plus grand cimetière marin, où reposent hommes, femmes, et enfants, qui se sont embarqués dans l’espoir d’atteindre Mayotte. On dit à Moroni que la capitale des Comores c’est Marseille, parce que c’est là que vivent le plus de comoriens.
Nous travaillons depuis plusieurs années avec les artistes du théâtre Djumbé à la création du CCAC.
Aujourd’hui nous sommes heureux d’accompagner avec d’autres théâtres, artistes et personnes de la société civile, la naissance et la vie de ce centre.

Les Éditions maison
Le clown Arletti, vingt ans de ravissement : Nous rééditons l’ouvrage en 2012, la première édition (2009) est épuisée.
Le soir : Edition du texte Le soir, troisième volet de La Trilogie de Franck.
Un livre sur le théâtre de masques : Nous préparons un livre sur les vingt années de recherches et de créations sur le théâtre de masques : les rencontres, les éblouissements, les découvertes.
Les masques sont comme ces organismes anciens qui peuvent sommeiller pendant des années en attendant des conditions favorables pour vivre.
Ils nous ont emmené dans des territoires inconnus, ont guidé les acteurs vers des zones de leurs corps qu’ils ne connaissaient pas, ont permis de nouvelles narrations, et curieusement nous ont fait découvrir des ponts entre fiction et réalité, pour raconter le monde qui nous entoure, redécouvrir le visage de l’autre comme une apparition.

[François Cervantes, septembre 2011]

Nous avons joué onze spectacles du répertoire cette saison, nous n’en avions jamais joué autant, c’est une gymnastique de haut vol pour les acteurs, mais féconde. Les partenariats avec des théâtres complices de notre aventure de troupe se développent.

Nous avons repris Le voyage de Penazar à la Friche la Belle de Mai, que nous n’avions plus joué depuis quatre ans. Certains jours, nous projetions le film Le retour de Penazar à Bali. Certains spectateurs découvraient le spectacle, d’autres revenaient avec leurs enfants ou des amis, et découvraient la façon dont il avait évolué dans leur mémoire.

Nous avons vécu une expérience exceptionnelle à L’Estive scène nationale de Foix et de l’Ariège. Michel Pintenet nous invitait pour une série de neuf représentations de Une île, ce qui ne s’était jamais fait dans ce département de 150 000 habitants. Pendant ces deux semaines, nous avons mené un chantier de création avec une trentaine d’habitants à partir d’un texte de fiction que j’ai écrit au fil des rencontres et en sillonnant ce pays en voiture : Pays à vendre (la cinquième fortune mondiale envoie une équipe en Ariège pour acheter terres et bâtiments et poser les bases d’un projet de tourisme unique). L’Estive estdevenue une maison de théâtre habitée matin et soir, nous avons partagé, avec l’équipe du théâtre et les participants, le plaisir d’un chantier de création qui s’est fini par deux représentations dans un théâtre bondé. Nous sommes en train de préparer une deuxième collaboration entre L’Estive, la compagnie, et les habitants de l’Ariège.

Après ma visite au Caire la saison passée, Hassan El Gereltly devait nous rendre visite. Au milieu des bouleversements de son pays, il a trouvé le temps de venir une semaine pour suivre les répétitions de La distance qui nous sépare, et nous avons poursuivi la préparation de la création que nous voulons faire au Caire en 2013 : un spectacle de clowns dans un pays où cette figure n’existe pas. Nous allons donner une autre forme à ces êtres qui cherchent à s’incarner.

Avec les quinze étudiants du Conservatoire du Grand Avignon, qui étudient sous la direction de Jean Yves Picq, nous avons créé Antigone, Sophocle et eux. Ce travail, d’abord, c’était la volonté de Jean Yves Picq d’associer un auteur à une promotion de comédiens du conservatoire, pour qu’ils apprennent à travailler avec des auteurs vivants. Je voulais réfléchir avec eux à ce que c’est qu’un texte.
Un texte d’auteur ne fait que révéler ce qui existe déjà en nous. Nous avons travaillé à une adaptation de la tragédie de Sophocle, l’écho de ce drame dans les corps de vingt ans, l’exploration de la mémoire du corps, des drames qui y sont enfouis, et une traversée des larmes.

Nous commençons une collaboration avec l’établissement pénitentiaire du Pontet et le Conseil Régional PACA. Le bibliothécaire de la prison nous disait que les détenus ont besoin de lire de la poésie ou des autobiographies, pas des romans, que certains détenus deviennent mordus de lecture. Nous allons jouer des spectacles à l’intérieur de la prison, et ensuite, je voudrais rencontrer un détenu, un seul, pour qui la lecture est importante, et écrire à partir de cette relation entre lecture et écriture, cette relation à travers l’espace, entre deux personnes, toutes les deux immobiles.

Nous poursuivons notre collaboration avec les Comores. Le Théâtre Djumbé s’était créé à l’issue du stage que nous avions mené avec Catherine Germain et Xavier Brousse à Moroni, en 2006 : « Comment emporter l’essence d’une tradition dans de nouvelles formes ». Une génération d’acteurs désirait oeuvrer à la naissance d’un espace de création, de transmission, de rencontre, pour que les artistes des îles de la lune ne soient pas obligés de quitter leur pays pour pratiquer leur art. Cet été, après une première année passée au Conservatoire d’Art Dramatique du Grand Avignon, Soumette, un des responsables du Théâtre Djumbé, a réuni à Moroni soixante artistes pour rédiger un projet, demander au gouvernement une salle et une aide. Aujourd’hui, ils sont accompagnés par la compagnie de Thierry Bedard, la compagnie de Ahmed Madani, notre compagnie et le Conservatoire du Grand Avignon, pour que puisse naître une aventure de création dans l’Océan Indien, entre Madagascar et l’Afrique du Sud, sur ces îles habitées par les gens les plus doux de la terre.

Compagnons de route depuis 2007 du centre dramatique national de Sartrouville et des Yvelines, nous y avons présenté l’ensemble des spectacles du répertoire pendant des temps forts consacrés à la compagnie. Ces rendez-vous ont toujours été des moments importants et des fêtes. En mai 2012, Laurent Fréchuret et son équipe nous accueillent pour la création du spectacle Le soir : dernier volet de La trilogie de Franck, qui sera présentée dans son intégralité.

Le partenariat avec le Domaine d’O, commencé il y a trois ans, se poursuit pour les trois prochaines années. Nous y présentons l’ensemble du répertoire, je rencontre et collabore avec des artistes de l’Hérault (Azyadé Bascunana, Luc Miglietta), nous poursuivons, avec l’équipe du théâtre, nos échanges sur les relations entre art et territoire.

« Le Garage » cette saison poursuit la direction qu’il avait prise l’an dernier : viennent des comédiens, metteurs en scènes, auteurs, musiciens, compositeurs qui ont un projet de création en cours et qui désirent partager les questions qu’ils se posent. Ceux qui y participent acceptent un travail très délicat : partager un projet avant qu’il ne prenne forme, et accepter que les remarques des autres le transforment : cela demande un grand respect, une grande attention. Comment partager ce qui n’a pas encore de forme ? Cela a donné lieu la saison dernière à de très beaux chantiers, qui sont en cours.

À l’automne 2011, je dirige un stage à la Ferme de Trielle « Histoires – Histoire » : comment partir de son histoire personnelle, comment en faire un récit de théâtre, comment le confronter aux autres récits, quelles sont les relations profondes entre parole et écriture ? Comment la relation à l’autre me ramène vers moi.

Cette année Catherine Germain commence un cycle de formation avec les élèves de l’ERAC autour du travail de clown. Plutôt qu’une formation, il s’agît d’une transmission autour de la figure du clown, entre une comédienne qui a emprunté ce chemin irréversible et des élèves comédiens qui ne savent pas encore où les mènera le théâtre, qui se découvrent en même temps qu’ils découvrent le public.


[François Cervantes, septembre 2010]

Je suis allé au Caire : J’ai commencé mon voyage à Marseille, vers 20h30, en face de la gare, dans Le Mélodie, un petit restaurant tenu par un Egyptien, Saïd, sa femme et leur fille.
J’y viens souvent. Ils se sont habitués à me voir écrire pendant les repas. Quand je suis entré, la femme de Saïd a crié (elle crie toujours) : bonsoir ! Tu veux manger mon chéri ? Saïd, Monsieur est invité par des stars en Egypte !
Le Caire est une ville démesurée.
Très souvent, je me suis trouvé face à des visages d’amis. Comme l’Inde, l’Egypte est une des matrices de la civilisation indo-européenne.
J’ai rencontré Hassan El Geretly, que je connaissais déjà. Il me fait penser à mon vieil ami romancier Jean Paul Chavent, et à Vittorio Gassman dans Parfum de femme. Hassan El Geretly a assisté Youssef Chahine, fondé la compagnie « El Warsha » (l’atelier), tourné ses spectacles en Egypte, France, Jordanie, Syrie, Liban, Iran, Maroc, Etats-Unis, Angleterre… Il a plongé dans la culture orale de son pays et inventé des outils pour travailler cette matière et créer des spectacles à partir de la vie. Il a recherché les traditions les plus anciennes, travaillé avec les derniers montreurs d’ombres, crée une école des arts du bâton, entrepris la restauration de la geste Hilalienne, immense œuvre collective apparue au XIème siècle et transmise oralement.
J’ai rencontré Ahmad El Attar dans son studio, derrière un bureau qui disparaissait sous des piles de dossiers.
Ahmed est auteur, traducteur et metteur en scène, producteur, opérateur culturel concevant des formations pour de jeunes artistes indépendants du Moyen Orient. Il a fondé la compagnie du Temple, avec laquelle il a créé une quinzaine de spectacles joués en Egypte, Jordanie, Liban, Portugal, Allemagne Suède… Il se lance dans la mêlée, conscient que le théâtre doit être saturé d’énergie pour franchir les obstacles. Quand nous parlons des traditions de son pays, il me dit qu’il vit aujourd’hui, dans le bruit et le béton… Il veut que le théâtre existe en Egypte. Il cherche à supprimer les cloisons réelles ou mentales, pour provoquer des chocs, des fulgurances.
Hassan et Ahmed recherchent tous les deux un dialogue entre l’ancienne Egypte et cette métropole contradictoire du monde arabe dans le XXIème siècle.
Nous avons envie de poursuivre une collaboration entre les trois compagnies.

Pour les trois prochaines années, nous mettons en chantier quatre créations avec une équipe de comédiens élargie.
- la suite de La table du fond et de Silence : je me demande qui est le père de Franck, je crois que nous aurons fini ce voyage quand il sera rentré et qu’il aura découvert que ce qui est arrivé pendant son absence est irréversible.
- Les Groucho, avec deux masques abracadabrants de Cyrille Dives, que nous a confiés Didier Mouturat. Une histoire de couple, merveilleuse et féroce. Didier quitte cette année le théâtre de Choisy le Roi, ce vieil ami quitte sa maison de théâtre, mais il a rouvert son atelier de masques...
- un rassemblement de clowns, que nous préparons comme une expédition en terre lointaine
- Marseille comme une légende (titre provisoire) : à partir des arbres généalogiques des acteurs, nous créons un spectacle sur les peuples qui nous habitent : à travers les corps, passé et présent, lointain et proche se rencontrent sur le plateau du théâtre.

Depuis six saisons, les rendez-vous avec le public à la Friche la Belle de Mai, préparés avec le théâtre Massalia et Système Friche Théâtre, se développent, avec leur cortège de bonheurs et de surprises.
La série de représentations en février 2010 était particulièrement heureuse : à la suite des Clowns, Bonaventure Gacon et Titoune jouaient sur l’esplanade avec leur cirque Trottola : un échange intense et jubilatoire se déroulait entre cirque et théâtre, entre deux équipes, entre le public et les artistes.
De plus en plus de théâtres se tournent vers ces questions de la permanence : cette aventure nous paraît de plus en plus partagée.

Pour la seconde saison, nous sommes aux côtés de Christopher Crimes au domaine d’O à Montpellier. Compagnie permanente associée pour trois ans à ce projet qui débute, nous jouerons cinq spectacles du répertoire, et nous continuerons le dialogue commencé l’année dernière sur les relations entre arts et sciences, sur les relations avec les artistes de l’Hérault, sur les mouvements de la lune, sur l’infidélité des vagues et la fidélité de la mer.

Cette saison, nous irons jouer Une île à l’Estive, Scène Nationale de Foix et de l’Ariège, pour une série exceptionnellement longue. Michel Pintenet, avec son équipe, a envie que l’on tente ensemble d’établir une autre relation avec le public de l’Ariège. C’est un pari important, que nous partageons.
Je reçois des messages de Michel, la nuit quand il rentre en voiture, après avoir découvert un spectacle et qu’il traverse des paysages. Il croit aux liens souterrains entre certains pays et certains textes.
Pendant ce séjour, nous ouvrirons un chantier de création à partir d’un texte que j’écris en découvrant cette terre et ses habitants (Pays à vendre, titre provisoire), avec des personnes, comédiens ou pas, qui ont envie de théâtre et de création.

Au moi de mars 2011, nous reprenons pour trois semaines Le voyage de Penazar à la Friche la Belle de Mai, pour fêter les dix ans de ce spectacle. Penazar poursuit son errance à travers les siècles…

A la demande de Lucile Bodson et Jean Louis Heckel, j’ai travaillé pendant deux ans avec les étudiants de la 8ème promotion de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette, à la création du spectacle : Attends moi.
Je voulais partager avec les quinze élèves, de sept nationalités différentes, un choc vécu il y a vingt ans : la découverte à Surabaya d’une nuit de Wayang Kulit. Un envoûtement, l’impression de me souvenir d’une chose plus ancienne que moi : des dieux, des héros, des mendiants, des femmes, joués tous par une seule personne, à la fois prêtre et acteur, dans un pays où le mot « artiste » n’existe pas…
Je me suis rendu compte, en rencontrant les élèves, qu’ils acceptent mal de quitter leur vie pour aller apprendre dans une école nationale, parce que leur passion est née dans leur vie…
C’est de là qu’est née l’histoire de Attends moi.
J’ai fait équipe avec Xavier Brousse, et nous avons eu tous les deux un fort attachement pour ce spectacle de théâtre d’ombres écrit à partir d’éléments autobiographiques des étudiants.

Je poursuis une collaboration avec le conservatoire d’Avignon, que Catherine Germain avait initiée la saison dernière : auteur associé, je vais écrire aux côtés d’une promotion d’élèves, pour aller vers une création en juin

Le Garage prendra une direction légèrement différente : il s’adressera à des artistes de théâtre (auteurs, metteurs en scènes, acteurs, scénographes, compositeurs) qui sont en création et qui ont envie d’échanger avec d’autres sur les questions que posent leur création (jeu d’acteur, dramaturgie, écriture,). Le garage sera un moment de partage d’expériences et de questions

Pour Jeanne Mordoj, que je connais depuis plusieurs années, et qui me demande de venir assister à ses répétitions, je suis en train d’écrire Adieu poupée, un texte « portrait » : comment finir et comment commencer…

Avec Christian Mazzuchini, nous préparons un spectacle autour de la métamorphose, des relations fantastiques entre masculin et féminin.
J’ai rencontré Christian dans une loge : il était de dos, le visage penché vers la table, de la musique à fond dans les oreilles, c’était à quelques minutes de l’entrée en scène, nous jouions ensemble dans Ivanov de Tchekhov…